Des énergies renouvelables pour une plus grande justice climatique

Rapport annuel 2022

Éditorial

Chère lectrice, cher lecteur,

« Éliminer la faim ensemble », tel est le slogan qui nous anime et nous mobilise. En 2022, le défi a été particulièrement important. La pandémie de Covid-19 avait déjà plongé des millions de personnes dans une extrême pauvreté ; la guerre en Ukraine n’a fait qu’empirer les choses. Les céréales se sont raréfiées sur les marchés mondiaux, les prix ont grimpé en flèche et le nombre de personnes touchées par la faim dans le monde est passé d’environ 600 à plus de 800 millions. Cette augmentation n’épargne pas les régions où se déroulent les projets d’Action de Carême.

Une évolution diamétralement opposée au deuxième objectif de développement durable adopté par les Nations Unies, qui aspire à un monde sans faim. Malheureusement, l’aide promise par les États n’arrive souvent pas à destination. En 2022, le chaos climatique, la terreur et la faim nous ont amené·e·s à fournir exceptionnellement de l’aide d’urgence. Grâce à la bonne collaboration avec nos organisations partenaires, nous avons pu intervenir efficacement sur le terrain.

Malgré les multiples obstacles, nous avons pu continuer à améliorer la sécurité alimentaire dans les régions où nous menons nos projets et à avoir un impact significatif sur la qualité de vie de nombreuses personnes. En Suisse, nous avons sensibilisé la population aux terribles conséquences de la crise climatique à l’échelle mondiale en proposant des solutions dans le domaine de l’agriculture et des énergies durables. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, il serait encore possible d’éviter les pires conséquences de la crise climatique, à condition que nous agissions dès aujourd’hui avec détermination.

Grâce à votre soutien, Action de Carême et ses organisations partenaires ont été en mesure de mener à bien de nombreux projets en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Un grand merci !

Cordialement,
Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême

Impact dans le monde en 2022

Au cours du premier semestre, la pandémie a continué à limiter le travail dans les projets et à affecter les activités. Le début de la guerre en Ukraine a fait dangereusement grimper les prix des denrées alimentaires et des matières premières dans de nombreux pays. Le changement de nom dans les régions alémanique et italienne a été bien accueilli par le public et la collaboration au sein d’alliances nous a permis de renforcer le droit à l’alimentation, notre thème central.

Avec ses activités dans les 12 programmes nationaux et les trois programmes internationaux, Action de Carême a touché, en 2022, environ 2,5 millions de personnes, dont 58 % de femmes. Au total, 338 projets ont pu être réalisés avec des organisations partenaires locales. Une aide d’urgence a été apportée à 34 000 personnes qui ont perdu leurs moyens de subsistance lors d’événements climatiques extrêmes aux Philippines, au Guatemala et au Kenya. Malgré les restrictions persistantes liées au Covid-19 et les conséquences dramatiques de la guerre en Ukraine, Action de Carême a permis à quelque 624 000 personnes d’améliorer leur accès à une nourriture suffisante et saine. Grâce aux programmes internationaux, nous créons les conditions-cadres pour que les communautés touchées dans les pays du Sud puissent faire entendre leur voix au niveau international et en Suisse.

Les activités en Suisse se concentrent sur la transition vers plus de durabilité et de justice à l’échelle mondiale sur les plans individuel, social, économique et politique. Selon une enquête Omnibus, 50 % de la population suisse connaît la campagne d’Action de Carême, de l’EPER et d’Être Partenaires, indépendamment de son changement d’identité visuelle. Les résultats d’une étude de l’Université de Berne sur l’impact des Conversations carbone sont également réjouissants. Menées depuis maintenant quatre ans dans toute la Suisse, ces discussions pour réduire son empreinte carbone portent leurs fruits. De plus en plus de personnes souhaitent adopter un mode de vie plus respectueux de l’environnement. Certaines entreprises s’organisent pour mettre elles-mêmes sur pied des Conversations carbone afin de les proposer à leurs collaboratrices et collaborateurs.

Les signalements de cas de corruption, d’abus ou de harcèlement sexuel sont systématiquement suivis et sanctionnés par Action de Carême. Des formations ont été organisées à cet effet à l’attention des coordinations et des collaboratrices et collaborateurs respectifs dans les pays des programmes. La Direction du développement et de la coopération (DDC) et l’ONG allemande Transparency International ont invité notre spécialiste de la conformité à présenter notre programme de prévention, qui a fait ses preuves.
Lien vers le rapport de compliance

Amérique latine

Guatemala

Im Programmschwerpunkt «Recht auf Identität» konnten Dans le cadre du programme « Droit à l’identité », 44 668 femmes et 46 492 hommes ont participé à des formations pour renforcer leur identité. Des leaders ont notamment défendu les droits individuels et collectifs des populations autochtones et le dialogue interculturel a été engagé au sein de différents réseaux. Les inégalités dans le pays restent un problème structurel que les années de pandémie ont encore exacerbé. Même si la République du Guatemala reconnaît dans sa Constitution l’existence des peuples autochtones, se considère comme une société multiculturelle et a ratifié des conventions internationales sur les droits des peuples autochtones, cette population reste à la traîne de l’ensemble de la société guatémaltèque en matière de santé, d’éducation, d’emploi et de revenus. Les femmes sont particulièrement touchées par cette injustice. La pauvreté touche 75 % des personnes autochtones et 36 % des non-autochtones. En ce qui concerne la participation politique, les personnes autochtones ne représentent pas plus de 15 % des député·e·s et des haut·e·s fonctionnaires.
Programme national

Haïti

La démission quasi totale des institutions étatiques et la violence croissante des gangs rendent le travail très difficile. Néanmoins, les groupes de solidarité connaissent un certain succès. 13 132 personnes, dont 9496 femmes et 3636 hommes sont membres de l’un de ces groupes. Grâce au travail communautaire dans la construction de murs de pierres sèches, 295,45 hectares de terres ont échappé à l’érosion. Cela représente une augmentation de 46 % par rapport à l’année précédente.
Programme national

Colombie

Avec l’élection de Gustavo Petro à la présidence du pays en 2022, la Colombie se dote d’un gouvernement progressiste de gauche pour la première fois en 214 ans d’histoire. Cela représente un espoir pour la justice sociale et environnementale. Toutefois, la population doit continuer à faire face à d’autres fléaux tels que les conflits liés à la production de drogue, à l’extraction minière illégale et à l’exploitation des ressources naturelles. En ce qui concerne les projets d’Action de Carême, la discrimination, les violences à l’égard des femmes, les inégalités et d’autres questions liées au genre ont été discutées dans 119 forums de dialogue et des solutions ont été recherchées en commun. Des tables rondes, des comités communautaires et des groupes villageois ont également été créés afin d’influencer la politique locale en faveur des droits des femmes et d’un changement des rôles au sein de la famille et de la communauté. Aujourd’hui, les femmes occupent de plus en plus de postes à responsabilité et les hommes participent plus souvent aux tâches domestiques.
Programme national

Asie

Népal

Le programme national au Népal a fait l’objet d’une révision approfondie au cours du premier semestre 2022. La majorité des projets étaient en phase de préparation ou en phase pilote. Différentes évaluations et études de besoins ont été réalisées et des structures ont été mises en place. Les premiers résultats ont déjà été obtenus au cours du deuxième semestre : 538 jardins potagers ont été créés et plus de 130 personnes ont participé à des formations sur les méthodes agroécologiques. Environ 3 500 personnes peuvent en bénéficier.
Programme national

Laos

La pandémie a mis à genoux l’économie laotienne, qui affiche un taux d’inflation de 39 %. Le tourisme, qui génère de nombreux emplois dans le secteur informel, n’a pu se rétablir que lentement et partiellement. La monnaie s’effondre et le risque de défaut sur la dette est permanent. Il s’agit d’une situation catastrophique pour des millions de personnes qui vivaient déjà dans la pauvreté avant la pandémie et qui ont de grandes difficultés à subvenir à leurs besoins. Au Laos, grâce à un travail d’information et de sensibilisation dans les écoles et les villages, la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant de retards de croissance dus à la malnutrition a pu être réduite. La culture de légumes et de champignons, la cueillette de produits forestiers et l’élevage de poissons et de chèvres ont permis aux communautés d’améliorer leur santé et d’augmenter leur espérance de vie.
Programme national

Philippines

Le réchauffement climatique entraîne une augmentation du nombre de phénomènes climatiques extrêmes dans le pays. Bien que le gouvernement n’ait cessé d’améliorer les mesures de prévention contre les catastrophes afin de mieux protéger la population, celle-ci est de plus en plus vulnérable. En décembre, un puissant typhon a causé d’énormes dégâts dans deux zones de projet à Luçon. Action de Carême a apporté une aide d’urgence.
Programme national

« On pourrait penser que l’Ukraine est un pays lointain et que cette guerre ne menace pas les Philippines mais, comme dit le dicton : quand le Nord tousse, le Sud attrape le rhume. Dès lors, même si les Philippines n’achètent pas de pétrole russe, la crise qui sévit sur les marchés pétroliers internationaux a entraîné toute une série de hausses de prix sur l’archipel. Ce phénomène a causé à son tour le renchérissement des denrées alimentaires de première nécessité comme le blé, dont le prix enregistre une inflation de 75 %. Ce fléau frappe la population alors que les partenaires locaux d’Action de Carême et les communautés bénéficiaires s’emploient encore à se remettre des conséquences de la pandémie de Covid-19 tout en s’efforçant de se préparer aux conséquences désastreuses du dérèglement climatique. En 2021, plus de quatre millions de personnes ont plongé dans la pauvreté à la suite des mesures adoptées pour lutter contre la pandémie. Le personnel des projets craint que les ménages soient toujours plus nombreux à ne plus pouvoir subvenir eux-mêmes à leurs besoins. Au cours des dernières années, les typhons provoqués par le réchauffement climatique ont détruit pour plusieurs milliards de production agricole et de denrées alimentaires. Les phénomènes climatiques extrêmes se font de plus en plus fréquents, violents et destructeurs et représentent une menace permanente pour la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et, surtout, la vie de la population. »

Bembet Madrid, Coordination Philippines

Bembet Madrid, Coordination Philippines

Inde

Durant la pandémie de Covid-19, en raison d’une surveillance réduite, les communautés adivasis et dalits ont pu récupérer plus de terres. Le nombre de familles pratiquant l’agroécologique a augmenté de 2153. Presque toutes les organisations partenaires collaborent désormais avec des instituts de recherche agricole publics, une collaboration qui accroît considérablement la sensibilisation aux méthodes de culture agroécologiques et durables.
Programme national

Afrique

Burkina Faso

La situation politique dans le pays s’est encore aggravée et la guerre en Ukraine a entraîné une forte inflation générale des prix, y compris ceux des denrées alimentaires. La famine a augmenté et un tiers du pays se trouve dans une situation de crise. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a estimé, à la fin 2022, que 1,88 million de personnes auraient été déplacées à l’intérieur du pays. Grâce aux projets d’Action de Carême, 82 % des participant·e·s à la formation en agroécologie ont déclaré avoir mis en pratique les connaissances nouvellement acquises et amélioré leurs revenus. Le nombre de personnes ayant accès à la terre et la cultivant elles-mêmes a continué d’augmenter : en 2022, plus de 1500 foyers se sont munis de fours à bois plus efficaces, économes et qui émettent moins de fumée.
Programme national

République démocratique du Congo

L’année dernière, l’accent a été mis sur l’amélioration de la sécurité et de l’autonomie alimentaires. 701 groupements travaillent désormais avec l’approche des groupes de solidarité. Le travail entamé en 2021 pour renforcer le statut des femmes s’est poursuivi de manière intensive en 2022. La violence généralisée dans différentes parties du pays a toutefois compliqué le travail des organisations partenaires.
Programme national

Peu après le début de la guerre en Ukraine, notre coordinateur écrivait :

« Nous craignons que les bénéficiaires de nos projets ne s’enfoncent encore davantage dans la spirale de l’insécurité alimentaire et de l’extrême pauvreté. Dans leur intérêt et afin d’améliorer la nutrition, il est essentiel que nous œuvrions sans relâche en faveur de la mise en place de systèmes alimentaires plus durables à long terme et axés sur la résilience solidaire. Nous entendons militer auprès de notre gouvernement et de nos partenaires internationaux afin de favoriser la production intérieure et d’améliorer le réseau routier à la campagne. Il est impératif de mettre un terme à la surtaxation des denrées alimentaires et de créer un climat propice aux affaires. »

Germain Nyembo, coordinateur du programme République démocratique du Congo

Germain Nyembo, coordinateur du programme République démocratique du Congo

Kenya

Le nombre de groupes de solidarité est passé de 434 en 2021 à 567 aujourd’hui. Cela représente une augmentation de 31 %. Ces groupes rassemblent 9855 personnes, dont les trois quarts sont des femmes. Les membres économisent ensemble et utilisent des méthodes de culture agroécologiques. Le principe d’épargne des groupes de solidarité confère plus d’autonomie aux femmes. Face à des ressources financières limitées, ces petits crédits sans intérêt aident à payer les frais de scolarité, les médicaments ou la nourriture. 
Programme national

Peu après le début de la guerre en Ukraine, Stellamaris Mulaeh décrivait la situation avec inquiétude :

« Depuis le début de l’offensive le prix de certains produits a augmenté de plus de 100 %. Si, au début de l’année, un sac de 50 kilos d’engrais coûtait encore 28 francs, il se négociait déjà à 60 francs deux semaines après le lancement des hostilités. Pendant la saison des pluies, soit de mars à mai, de nombreuses paysannes et paysans cultivent la terre et ont donc besoin de fertilisants, qui font actuellement défaut. Cependant, nous voyons aussi dans cette évolution une occasion à saisir et nos projets aident désormais de plus en plus de personnes à produire elles-mêmes leur compost et leurs engrais organiques. L’essence ne cesse de renchérir et fait l’objet d’un rationnement, ce qui n’est pas non plus sans conséquences. Dans les villages, les habitant·e·s n’ont souvent plus qu’une seule solution pour aller faire leurs courses : partager un mototaxi bodaboda. Auparavant, ce type de course coûtait 50 shillings, soit environ 40 centimes, contre le double aujourd’hui. Et il en va de même pour le prix des tickets de bus. Avant la guerre, la population consacrait déjà près de la moitié de ses revenus à l’alimentation. Je crains que nous nous dirigions vers une grave crise alimentaire, car cela fait deux ans qu’il n’a pas plu dans les régions semi-arides, durement touchées par le réchauffement climatique, où nous accompagnons des paysan·ne·s et des éleveurs et éleveuses. Nous n’avons plus d’eau. Dans les villages, les femmes se lèvent désormais à trois heures du matin et doivent parcourir huit kilomètres à pied pour pouvoir puiser 20 litres d’eau. Tout le Kenya attend la pluie. Le sujet est au centre de nos préoccupations. »

Stellamaris Mulaeh, coordinatrice du programme Kenya

Stellamaris Mulaeh, coordinatrice du programme Kenya

Madagascar

Selon un calcul prudent, au moins 283 500 personnes bénéficient des activités des groupes de solidarité. Au cours de l’année, 1222 de ces groupes d’épargne sont devenus autonomes et 1323 nouveaux groupements se sont formés. L’impact de deux cyclones successifs au début de l’année, qui ont dévasté les habitations et les cultures, ainsi qu’un taux d’inflation élevé ont précarisé de nombreuses familles. Néanmoins, 28 644 personnes ont pu se désendetter en accédant à des crédits auprès des caisses d’épargne communes.
Programme national

La guerre en Ukraine a aussi un grand impact sur la population malgache, rapportaient nos coordinatrice et coordinateur en mai 2022 :

« À l’heure actuelle, il est encore possible de s’approvisionner en céréales, en essence, en gaz, en huile de tournesol et en engrais. Les risques de pénurie évoqués dans les médias ont alimenté les spéculations et nous sommes confronté·e·s à un renchérissement continu depuis le début de l’invasion. L’inflation croissante représente un grave problème pour les ménages, le prix des marchandises devenant de plus en plus prohibitif pour nombre d’entre eux. L’expérience nous a appris combien il est primordial pour les bénéficiaires de nos projets de miser sur l’autosuffisance face à une pénurie de produits importés comme celle qui menace actuellement l’île. L’instabilité économique mondiale générée par la guerre, couplée aux mauvais choix de gouvernance de nos dirigeant·e·s, nous conforte dans la conviction qu’il est crucial de prêter aide et assistance à la frange la plus défavorisée de la population. Aussi notre programme vise-t-il à permettre aux habitant·e·s de se nourrir par leurs propres moyens et de subvenir à une grande partie de leurs besoins. »

Diary Ratsimanarihaja, Parany Rasamimanana, coordination du programme Madagascar

Diary Ratsimanarihaja, Parany Rasamimanana, coordination du programme Madagascar

Sénégal

Les groupes de solidarité permettent aujourd’hui à plus de 665 000 personnes d’assurer leurs moyens de subsistance. Cela représente 4 % de la population. La reconnaissance de ce système de coopération locale par la politique nationale est un succès pour le programme. Les membres des groupes de solidarité créent et gèrent des champs et des greniers communautaires, dont les produits contribuent directement à la souveraineté alimentaire. Fin 2022, ces greniers contenaient 1114 tonnes de nourriture. Le dynamisme économique du Sénégal a été affecté par le conflit en Ukraine. La croissance réelle est passée de 6,1 % en 2021 à 5 % en 2022 en raison d’une baisse de la consommation et des investissements privés due à la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et à une plus grande incertitude.
Programme national
Lien vers les groupes de solidarité

Suisse

Tout au long de l’année, Action de Carême a poursuivi sa mission de sensibilisation en Suisse, que ce soit par des présentations dans les écoles, les universités et les paroisses ou par des conférences. La publication d’articles et d’études en notre propre nom ou au nom d’alliances dont nous faisons partie a également contribué à sensibiliser la population suisse.
Programme national

Programmes internationaux (PI)

Les programmes internationaux (PI) d’Action de Carême s’engagent pour une amélioration des conditions politiques et économiques dans le monde entier. Ils renforcent ainsi le travail des programmes nationaux.

Énergie et justice climatique

À Tolima, en Colombie, de jeunes adultes sont formé·e·s à l’installation et à l’entretien des systèmes d’énergies renouvelables. Les projets pilotes comprennent, entre autres, des pompes à eau solaires pour l’agriculture, des incubateurs solaires, des chambres de réfrigération ou des clôtures électriques solaires. Outre la lutte contre le réchauffement climatique, ils visent aussi le développement des régions rurales et contribuent à freiner l’émigration.
Link PI Énergie et justice climatique

Justice alimentaire

Au Guatemala et en Afrique du Sud, deux organisations partenaires ont formé 1042 paysan·ne·s, ouvriers et ouvrières agricoles sur leurs droits, afin de pouvoir échanger sur le même plan avec les représentant·e·s du gouvernement. En Suisse, Action de Carême, en collaboration avec la coalition « Ami·e·s de la Déclaration », a déposé une requête de la société civile contenant des recommandations sur la manière dont la Suisse peut orienter sa politique étrangère en conformité avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·ne·s (UNDROP).
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Matières premières et droits humains

Action de Carême peut compter sur de solides réseaux de la société civile et des Églises en Afrique et en Amérique latine. Ils jouent un rôle important dans la sensibilisation des communautés vivant autour des mines et dans la protection des défenseurs et défenseuses des droits humains. En octobre 2022, nous avons organisé une réunion avec des missions africaines de l’ONU et nos partenaires sud-africains pour discuter de l’importance du Traité de l’ONU sur les droits humains pour les sociétés transnationales (UN Binding Treaty).
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Rétrospective de 2022

Une campagne entre guerre et pandémie

Après deux années de pandémie, même si la prudence restait de mise, la situation semblait enfin s’améliorer et la Campagne œcuménique allait pouvoir se dérouler dans des circonstances favorables. C’était sans compter sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

L’énergie était au centre de la deuxième campagne de notre cycle de quatre ans sur le thème de la justice climatique. Pour aborder les enjeux écologiques et sociaux liés à l’énergie, nous proposions, entre autres, une activité sous forme d’un parcours « sur les traces de l’énergie » qui s’inspirait d’une journée type afin d’identifier les questions et d’entamer une réflexion sur le sujet. L’« Escape Game » était une autre réussite de cette campagne. Ce jeu d’énigmes qui se pratique en équipe a sensibilisé les jeunes à différents aspects de la justice climatique, de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

Grâce à l’assouplissement des mesures liées à la pandémie, des collaborateurs et collaboratrices d’Action de Carême ont à nouveau pu se rendre dans les paroisses afin de donner un aperçu de notre travail dans les pays du Sud, notamment lors de soupes de carême ou de services religieux. Des animations et des événements ont également pu être proposés au grand public ainsi qu’un cycle de conférences autour du thème « Bonheur et sobriété ». Cependant, l’invasion russe sur l’Ukraine, coïncidant pratiquement avec le lancement de la campagne, a causé un grand choc et de nombreuses incertitudes quant à la manière de réagir.

Pour la première fois depuis deux ans, nous avons enfin pu accueillir un hôte lors de la Campagne œcuménique. Chérif Cissé, ingénieur des eaux et forêts et spécialiste en environnement et gestion durable des ressources naturelles au Sénégal, a passé deux semaines en Suisse romande et a participé à plusieurs événements, dont des conférences et des présentations dans des écoles, afin de partager son expérience. Diverses manifestations ont également eu lieu en Suisse alémanique et au Tessin dans le cadre de la campagne.

Un projet innovant pour lutter contre la faim

Action de Carême a lancé un projet pluriannuel de promotion des droits humains dans les systèmes alimentaires. RAISE a pour objectif de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·ne·s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) en promouvant une agriculture agroécologique et adaptée aux conditions locales. Le projet est notamment financé par la Direction du développement et de la coopération (DDC).

La Suisse vit désormais à crédit

Aujourd’hui, notre pays a épuisé son budget CO2, soit la quantité maximale qu’il pouvait émettre pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré. Lors d’une conférence de presse à Berne, Action de Carême, l’EPER et Être Partenaires ont appelé à des mesures concrètes et efficaces pour que la Suisse atteigne zéro émission nette d’ici 2040. C’est le seul moyen de garantir la justice climatique et de soutenir les personnes qui souffrent le plus des effets du réchauffement climatique. Ces exigences ont été réitérées dans une lettre ouverte au Conseil fédéral et au Parlement.

Un grand pas pour la protection de la biodiversité

Après des années de travail, notre organisation partenaire REDSAG (Red Nacional por la Defensa de la Soberanía Alimentaria en Guatemala) a soumis un projet de loi sur la protection de la biodiversité au Congrès guatémaltèque pour approbation. Cette loi reconnaît l’importance des savoirs traditionnels, revalorise les semences locales et protège la biodiversité pour le bien des communautés autochtones et de l’humanité. Elle est le fruit d’une longue collaboration avec les communautés mayas et xincas. Puisque la biodiversité est synonyme de vie et d’avenir, le projet de loi a été remis aux membres du Congrès par des enfants. Il s’agit d’un contre-projet à la loi Monsanto suspendue en 2014.

Un appel à l’aide

Le prix du pain a augmenté jusqu’à 70 % en très peu de temps dans nombre de nos pays d’action. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le blé manque. Au Burkina Faso, au Kenya, à Madagascar, en République démocratique du Congo, au Sénégal et aux Philippines, la population peine à se nourrir. Déjà lourdement frappée par la pandémie de Covid-19 et la crise climatique, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts et attend la pluie avec impatience. En ces temps difficiles, les projets d’Action de Carême apportent une lueur d’espoir.

Nouvelle vision et mission

Après environ 25 ans, Action de Carême a renouvelé ses lignes directrices. Moins formelles que les statuts et pas aussi détaillées que la stratégie, celles-ci sont un peu l’âme de l’organisation. L’idée centrale de notre vision et mission : un monde juste et sans faim ainsi qu’une vie digne pour toutes et tous sont possibles. Pour atteindre cet objectif, nous devons préserver la diversité de la Création et prendre en compte les générations futures. Le droit à l’alimentation pour chacun et chacune ainsi qu’une vie et une économie respectant les limites planétaires font désormais partie de nos principes directeurs. Nous voulons être une organisation qui défend la justice, mais qui la vit aussi, y compris en ce qui concerne l’égalité des genres, et nous attaquer aux causes de la pauvreté et de la dégradation de l’environnement.

Les droits des paysan·ne·s sont des droits humains

Sans l’agriculture à petite échelle, l’humanité ne pourrait pas survivre, car elle assure l’alimentation de nombreuses personnes. Le droit des paysannes et des paysans à participer à l’élaboration d’une politique agricole et alimentaire adaptée aux conditions locales est inscrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·ne·s (UNDROP) et doit être appliqué de toute urgence. En effet, plusieurs facteurs affectent la production de denrées alimentaires, notamment les changements climatiques, la perte de biodiversité et la dégradation des sols. La nourriture est l’une des bases d’une vie digne. Cependant, sans accès à la terre et aux semences, il n’y a pas de nourriture. La Journée internationale des droits humains est l’occasion de penser aux droits des paysannes et des paysans.

Nombre de projets par ODD

Avec ses 17 Objectifs de développement durable (ODD), l’Agenda 2030 s’applique à tous les pays du monde. Action de Carême opère toutefois une distinction entre le Nord et le Sud en ce qui concerne l’application des ODD. Au Nord, la transformation passe par une modification de nos modèles de consommation, de mobilité et d’action politique, qui nous permet d’exercer une influence sur le climat et les structures commerciales, améliorant ainsi les perspectives des populations bénéficiaires. Au Sud, la transformation a pour but de garantir des conditions de vie dignes aux personnes défavorisées, exclues et laissées pour compte. Appliquant l’approche fondée sur les droits humains, nos partenaires travaillent en réseau, renforcent les organisations et communautés locales et aident les personnes à faire valoir leurs droits.

En troisième et dernier lieu, la transformation des structures de gouvernance mondiale vise à empêcher l’impunité des atteintes aux droits humains commises par les multinationales, ce qui peut entraîner la modification de la législation en Suisse et en Europe. Le but est de promouvoir des modèles économiques durables et d’asseoir les échanges internationaux sur des bases éthiques.

Trois exemples de projets basés sur les ODD

Au Burkina Faso, les conséquences du boom de l’or sur l’agriculture à petite échelle sont importantes. À la dégradation du sol, qui est la base de la culture des aliments, s’ajoute une pénurie de main-d’œuvre dans les champs. En effet, les Burkinabés peuvent difficilement se passer du revenu important que leur apporte l’extraction de l’or. Partenaire d’Action de Carême depuis 2015, l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE) sensibilise depuis plusieurs années les orpailleuses et les orpailleurs à l’importance de l’agriculture et tente de limiter les effets néfastes sur l’environnement. Elle se mobilise à chaque fois qu’une nouvelle mine ouvre dans le pays. Entre 2018 et 2020, plus de 10 000 personnes, dont 4000 femmes, ont participé à des actions de sensibilisation telles que des théâtres-forums, ou ont acquis des connaissances par le biais d’émissions de radio ou de matériel visuel. ORCADE a également contribué à l’établissement de rapports de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) qui documentent le degré de pollution au cyanure et au mercure résultant de l’extraction de l’or.

Ambiente y Sociedad est une organisation environnementale colombienne partenaire d’Action de Carême. Elle défend les intérêts des communautés autochtones et locales au niveau régional, aussi bien que national et international. En 2020, l’organisation a mené une étude sur le respect des accords internationaux sur le climat. Il en est ressorti que la mise en œuvre de l’accord de Paris devait être améliorée. En 2022, l’étude a été complétée par une analyse de la durabilité sociale des projets d’énergie renouvelable. Ambiente y Sociedad accompagnera la mise en œuvre des plans régionaux du ministère des Mines et de l’Énergie à Putumayo et Caqueta et s’assurera qu’ils soient complétés par un mécanisme de contrôle efficace. Les résultats de ce suivi seront utilisés pour sensibiliser la population au thème de la justice climatique.

Partenaire d’Action de Carême, Batay Ouvriye est une association faîtière d’organisations syndicales de base, de comités de travailleuses et travailleurs et de personnel des secteurs de l’industrie et de l’agriculture. Batay Ouvriye soutient l’organisation syndicale des travailleuses et travailleurs, forme ses membres en matière de droit du travail et fournit une assistance juridique en cas de conflit. L’association se concentre sur les zones franches du nord-ouest d’Haïti, au sein desquelles des entreprises exerçant une activité textile se sont récemment installées. Les violations des droits des travailleuses et travailleurs y sont récurrentes. Selon un rapport de Better Work ­‑ une organisation soutenue par l’Organisation internationale du travail et la Banque mondiale -­ les normes de sécurité, de santé et d’hygiène ne sont pas respectées dans 84 % des usines. Les ouvrières et les ouvriers sont contraints de travailler sous une forte chaleur et de respirer un air chargé de poussière ; les installations sanitaires sont dans un état déplorable ; les heures supplémentaires sont forcées et souvent non rémunérées ; dans certains cas, les salaires ne couvrent même pas le minimum légal. En mettant sur pied son propre syndicat, Batay Ouvriye permet aux ouvrières et aux ouvriers haïtiens de défendre leurs droits, de négocier avec les propriétaires des usines et d’acquérir de l’autonomie.

Action de Carême remercie la DDC pour la contribution reçue dans le cadre de l’Alliance Sufosec. L’Alliance Sufosec est un regroupement de six ONG suisses actives dans le domaine de la coopération au développement.

Un aperçu de l’existence de Faith Wanjiru

Une agriculture durable qui porte ses fruits

Kenya

Au début, Faith Wanjiru ne voulait pas participer au projet de l’organisation partenaire d’Action de Carême. Les méthodes agroécologiques lui semblaient difficiles à mettre en œuvre et elle avait peu confiance en ses capacités. Aujourd’hui, elle est heureuse d’avoir changé d’avis.

Les habitant·e·s du diocèse de Nyahururu, sur les hauts plateaux du Kenya, vivent principalement de l’agriculture et de l’élevage. Cependant, en raison du réchauffement climatique, du surpâturage et de la déforestation généralisée, le climat devient de plus en plus sec. Par conséquent, les récoltes sont souvent mauvaises et le bétail ne trouve plus de fourrage. De plus, en raison de leur dépendance aux semences hybrides et aux engrais chimiques coûteux, de nombreuses familles paysannes sont contraintes de contracter des prêts à taux exorbitants auprès d’usuriers. Elles se retrouvent ainsi plongées dans la spirale de l’endettement. À travers son projet, Action de Carême et son organisation partenaire s’attaquent aux causes de ces problèmes. 

Le projet encourage la création de groupes de solidarité au sein desquels les membres peuvent aborder ensemble les problèmes rencontrés et s’entraider pour les résoudre. Ensuite, des animatrices et animateurs locaux dispensent des formations en agroécologie aux membres des groupes. L’application de ces nouvelles méthodes de culture, plus adaptées aux conditions climatiques et respectueuses de l’environnement, permettent aux familles paysannes de lutter efficacement contre l’érosion des sols. Elles plantent aussi des arbres fruitiers qui, outre le fait de contribuer à une alimentation plus variée, favorisent l’accumulation d’eau dans les sols et les rendent ainsi plus fertiles. 

L’échange de connaissances est également renforcé par le biais de travaux collectifs dans les champs. Faith Wanjiru, qui fait partie d’un des groupes de solidarité depuis quelques années, explique comment ce travail a changé sa vie : « La sécheresse nous frappe très durement ici et, au fil des ans, elle dure de plus en plus longtemps. Les pluies ne sont plus saisonnières et prévisibles, ce qui est déroutant autant pour les paysannes et paysans que pour le reste de la population. Lorsque le projet nous a été présenté, je faisais partie des femmes qui ont rejeté cette idée. Les membres de mon groupe m’ont convaincue de rester et d’essayer quand même. Au début, cela semblait très difficile à mettre en œuvre. Mais plus le temps passait et plus je me rendais compte que je pouvais y arriver. Tout d’abord, les animatrices et animateurs du projet nous ont demandé d’installer des clôtures dans nos fermes afin d’éviter que les animaux ne détruisent nos plantes. Nous avons ensuite appris à faire du double bêchage, à planter des choux et d’autres légumes dans le potager, à cultiver des fruits et à faire du compost pour ne plus avoir à utiliser de produits chimiques dans nos cultures. Le point positif c’est que malgré le froid glacial qui règne dans la région, les plantes ne meurent pas. Désormais, nous pouvons manger les aliments que nous avons cultivés et même vendre les excédents de récolte ».

La petite-fille de Faith ajoute : « J’aime m’asseoir dans la cour et manger les fruits, surtout les baies, que nous cultivons ici ».

Faith poursuit : « Nos champs sont si fertiles aujourd’hui que nous pouvons même cultiver des arbres fruitiers. Nous n’avons plus besoin d’acheter des fruits : c’est notre plus gros succès. Avant, j’avais des problèmes de santé et je devais souvent aller chez le médecin. Mais depuis que j’ai changé mon alimentation et que je consomme les fruits et les légumes cultivés dans ma ferme, je n’y vais plus ».

Action de Carême – Éliminer la faim ensemble

La fondation Action de Carême poursuit les objectifs suivants :

  • Apporter son soutien au travail et aux projets des organisations de développement et des Églises dans le monde entier en faveur des personnes défavorisées sur le plan économique et social, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine
  • Prendre part au débat sur la politique de développement et participer à la prise de décisions dans ce domaine
  • Promouvoir la solidarité internationale auprès de la population et de l’Église en Suisse par une collaboration œcuménique et un travail d’information et de sensibilisation, notamment pendant le temps du carême

PK 60-19191-7              IBAN CH16 0900 0000 6001 9191 7

Impressum

Éditrice : Action de Carême Suisse, Lausanne
Rédaction: Colette Kalt
Illustrations : Skiss GmbH, Lucerne
Photos : Banque d’images d’Action de Carême
Mise en ligne : Manolito Steffen